.
Episode 2
.
« Bonjour à vous tous amis citroënistes. Je n’ai toujours pas reçu  ma DS depuis que j’ai accepté les conditions d’achat le 1er février 2011... » (Juste pour que vous compreniez la portée de ce message : relisez la date de l’achat et comparez-la à la date du message à la fin du premier épisode).
 
            Marc a bien roulé ses kilomètres en France. D’ailleurs ce furent ces merveilleux jours qui lui donnèrent encore plus l’envie de continuer d’aimer sa DS en terre canadienne. Il a effectivement visité tous ces beaux monuments à l’architecture invitante. Sans compter l’hospitalité dont il a été la victime… car c’était un arrachement du cœur à chaque fois qu’il quittait la parenté ou des ex-étrangers que sa voiture lui avait fait rencontrer.
.
Puis, homme honnête et intègre, il est retourné chez le vendeur pour compléter la transaction, payer rubis sur l’ongle la voiture et le transport avec promesse du vendeur de mettre, en option ro-ro (roll on – roll off) la voiture sur le bateau au mois de mai, et puis non en juin, oh que je suis bête, c’est en juillet que le bateau partira (dès que les vents tourneront). Vous avais-je dit juillet? Désolé de ce contretemps, c’est sûr c’est au mois d’août… mais non, mais non, je ne vous ai sûrement pas dit en août puisque c’est les vacances, on part à Caen à sept! Septembre affaire classée, je vous le jure, à cet instant précis, je le vois d’ici, au port de Marseille on ne voit plus que l’arrière de l’auto tellement elle est embarquée loin. On me dit que vous allez la retrouver à Montréal dans 2 semaines, pas une de plus car il y aura une escale à New-York. Marc, enfin, tout heureux, se préparait déjà pour son cake.
.
Donc, ce même jour de l’arrivée, il se fait reconduire par un ami au port de Montréal. Inutile de vous décrire son état d’âme n’est-ce pas? Oui? Ah bon d’accord. Marc dans tous ses états (mais non pas les États-Unis, mais d’âme on vient de le dire, vous suivez oui??), nerveux, anxieux, le cœur battant… car sinon il serait mort… il voit l’immense porte-conteneurs s’amarrer au quai, OK? Son ami le retient car il est sur le point de se jeter sur le bateau sans même remplir les papiers, et les formalités usuelles, j’oserais dire « usées elles». Les deux gaillards scrutent le gaillard d’avant, même d’arrière car l’avant et l’arrière d’un bateau ne sont pas toujours évidents. Un doute s’installe, ainsi que toute sa famille. Il ne voit qu’une Renault! À part voir Louis sortir du vaisseau bien vivant, la voiture ne l’intéresse pas vraiment. Il part en enquête à la quête d’informations aux bureaux du gouvernement section import-export. Après deux cycles de glaciation il revient, bredouille… la voiture n’est pas sur le bateau. 
Une fricassée de triste, déçu, découragé, regard hagard, le regard vide en pensant au hangar vide, Marc, pôvre Marc, marche lentement sur le quai comme si à l’inverse de la théorie d’Einstein, il allait faire varier l’espace temps et changer la marche de l’histoire. Même moi, en ce moment, je suis déçu pour lui, c’est dire!
Marc, t’es pas tout seul, je l’sais qu’t’as le cœur gros, mais faut de t’soulever Marc.
 
            L’ami, (une chance qu’il est là ce personnage figurant) le console comme il le peut. « On va arriver à la maison, près de la montagne, et on va l’appeler ce vendeur au sourire accueillant pour savoir ce qui s’est passé ». (Comme tout bon québécois, il y avait à l’origine une certaine salve de jurons que ma mère m’a défendu de nommer ici, mais qui avait une certaine consonance biblique avec conjugaison bien étudiée).
En retournant à la maison, Marc revoit le vieux port de Montréal, si beau en été avec ses marcheurs, ses vélocycleurs (anciens bicycletteurs devenus cultivés), les queues de castor en vente un peu partout qui vous donnent des envies, après ingestion, de dormir pendant 3 mois. Puis le pont Champlain de son près de 3,5 kilomètres laisse paraitre, lorsqu’on regarde à droite en sortant de Montréal, l’estacade : piste cyclable de 2,5 kilomètres où des passionnés (ou des fous) s’habillent en « Tour de France » allant à des vitesses folles (c’est sûr c’est plat tout du long) en avalant des mannes à plein poumons puis recrachant leur trop plein de bonne volonté de se mettre en forme.
.
Mais notre héros de la déprime loge chez dépression.com présentement, il ne remarque même pas qu’il est sorti du pont car son ami a décidé de « descendre » l’autoroute des Cantons de l’Est pour voir un peu de paysages bucoliques. Non, Marc, l’ingrat, regarde dans ses pensées, assassine tous les vendeurs d’autos de la terre et boit un dernier Whiskey avant de franchir la ligne verte.  Comme un billet de loto presque gagnant, Marc voit son billet de l’auto tout à fait perdant.
.
Évidemment, rendu chez lui, il saute sur le téléphone, compose le 33 et une série interminable de chiffres puis calcule quelle heure il peut bien être là-bas pendant que le signal passe sous l’Atlantique et ressort à l’autre bout tel un thon ne voulant pas finir en sushi au bout de sa ligne… que dis-je : son câble! Le signal de retour fut un choc pour Marc, pas parce qu’il passe quand même 50 Volts dans la ligne téléphonique! Mais parce que, ne pouvant mentir, il retourna à Marc cet étrange signal digne d’une radio de maquisard en 44 :
Beeeep, biiiiiip, beeeeeep, biiiiiiip (c’est un signal bilingue qui signifie :