Épisode 5
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Jouir? Marc ne demande que ça! Détrompez-vous, nous ne parlons pas ici de cette
jouissance qui laisse des traces physiques, on parle de jouissance ayant pour thème le bien être de l’esprit. Ce mot est d’ailleurs divisible en 2 parties : jouer et ouïr.
Dans une DS on se joue facilement de l’inconfortabilité des autres voitures, sans parler de la mode complètement insensée de raffermir la suspension et surbaisser les voitures à razbitume, à la ramasse-moi-les-fourmis. Les voitures sont tellement basses que ce n’est pas plus un effet de sol qui les fait se coller à la route, mais un effet de sous-sol, de quoi débâtir une auto en quelques tours de roues, en quelques trous de route.
Jouer se définit par s’amuser, on s’amuse follement en DS à changer les vitesses de la BVH, on s’amuse du regard des autres qui se demandent bien (surtout ici en Amérique) : « mais c’est quoi ce char là? » Et les femmes de se dire : « la couleur ne s’agencerait pas avec ma robe, quelle laideur! » pourtant la robe AC-403 ou AC-308 ferait la belle de n’importe quel bal.
Dans une DS on ouï le silence de la route, on ouï le son du moteur, on ouï ce fameux « clong » du changement de vitesse, de la pompe HP qui on espère va garder son cycle de 30 secondes, on entend les gens donner des commentaires toujours positifs car en tant que citroënistes, on n’entend pas les négatifs … de toute façon ils ne savent pas de quoi ils parlent !
L’ouïe est importante pour entendre le commissaire priseur dire que tu viens de
dépasser de plus du double le budget que tu t’étais fixé, toi amateur compulsif d’une trop formidable machine qu’il te faut maintenant payer à Louis d’or, dehors la voiture, dors dedans car tu sais que d’ores et déjà tu n’as plus l’argent du loyer, du téléphone, de l’internet, et autres besoins essentiels.
Non, Marc est bien loin de tout ça, pour l’instant il veut trouver la force de se sortir de cet enchevêtrement de mauvaises circonstances qui a fait que sa jouissance est plutôt « étouffée ».
Puis, quelqu’un au forum prend la décision d’aider notre québécois et appelle,
finalement, il était temps! C’est à croire qu’en France même les décisions personnelles se prennent à l’équivalent du temps qu’un fonctionnaire se décide à travailler de façon efficace, c'est-à-dire jamais.
Mais non, Bruce Lee (non fictif ai-je encore besoin de le répéter … oui? … ah bon) un soir, vers 17h43 se prend une envie de jaser avec le propriétaire du garage pour savoir le fond de l’histoire, en connaitre les pourtours et en refermer le couvercle afin de clore ce pot de déconfiture qui prend de l’expansion, qui se gonfle sous l’eau comme une nouille trop cuite, comme un plancher flottant pas foutu de résister un tant soit peu à l’humidité, c’est sûr que si le Saint-Laurent débarque, là ça se comprend.
Bruce Banner (il s’est transformé depuis tout à l’heure) nous informe que l’histoire qui s’écrit depuis quelques jours a atteint un niveau autre que du simple achat d’une voiture. En effet, l’ayant appelé 2 fois, il peut maintenant nous faire un bilan de la situation qui se complique un tantinet, encore. M. Le Propriétaire parle calmement à un Bruce poli, courtois ni sur la défensive, ni sur l’offensive, sur la gencive je dirais, près à mordre si le steak s’étale devant ses incisives.
Il lui annonce qu’il a de gros problèmes financiers, assez gros qu’il a dû se placer en redressement judiciaire. Les entrées sont clôturées, les clôtures sont barrées, l’inventaire est à se faire évaluer pour être revendu afin de payer les créanciers mangeant de l’euros telle une coccinelle dévorant une feuille. La voiture de Marc est bénie car elle n’appartient pas au garage, mais à son proprio. Si notre gaillard procède à une poursuite judiciaire alors la reine de notre histoire passera dans la faillite et bye bye l’exotisme français sur son satellite de neige. Pour l’instant elle est incognito dans un coin, personne ne l’a vue, sauf quelques Ami qui le resteront et se tairont.
Notre sauveur téléphoniste le rappelle un peu plus tard pour lui demander si l’auto est prête à rouler et s’ils peuvent aller la chercher. La réponse fut oui aux deux questions. Alors à cet instant précis de ce film, c’est la préparation de l’entrée en scène des bérets verts. Nos soldats sauveurs de bagnole vont se faire contacter via l’internet, l’eau bout depuis déjà un bout de temps, ce sera bientôt le temps de retirer le légume orange et faire l’appel radio.
Marc qui était au bord du désespoir, voit qu’il y a de moins en moins d’eau au-dessus de sa tête. Comme pour être sûr que la magie ne se brisera pas il offre mer et monde à qui voudra bien se déplacer et aller voir la voiture, prendre des photos, signer je ne sais trop quels papiers et partir sur les chapeaux de roue avant que le grand réalisateur ne décide encore une fois de le reléguer encore au rôle de figurant.
Marc, notre nouveau millionnaire, veut payer pour le transport d’une ou deux
personnes, non d’une troupe entière de chevaliers, il paie les chevaux, le train, l’avion, le Segway tant qu’à être parti. Son but étant si proche il ne veut pas que l’élastique casse. Il est même prêt à repayer le transitaire pour mettre l’auto sur le bateau. Ça fait quelques heures qu’il est sur le forum, il attend et puis le message est lancé par Bruce au paroxysme de son excitation: .......GÉOLOCALISATION DE TOUS LES MEMBRES, ET QUE ÇA SAUTE!