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Voici la DS break la plus compliquée de tous les temps ! Il s'agit de l'ID 27 de Michelin.
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En 1970 Michelin désire concevoir un véhicule laboratoire destiné à analyser le comportement de différentes enveloppes (pneus) en conditions réelles dans différentes conditions de circulation (froid, chaud, revêtements, etc ...). Il leur faut un véhicule assez grand (un break) ayant certaines qualités techniques tel une source de pression suffisante (l'hydraulique) et assez puissant. Le choix est vite fait, ce sera une ID 21 F, ça tombe bien, Citroën appartenant au groupe Michelin, il n'y a qu'à se servir sur chaine ! C'est un break luxe qui est choisi, blanc meije, avec la mécanique de la DS 21. Comme c'est le 27 ième véhicule de la gamme D acquis par Michelin, il sera dénommé ID 27.
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Cette ID 21 F est une véritable énigme. Elle ne possède pas de n° de série, ce qui est logique dans la mesure où elle n'a pas été commercialisée. En revanche, ce qui est plus rare, elle ne possède même pas de n° de coque ! Donc, officiellement, il n'a jamais existé, non répertorié dans les mains courantes de Javel. D'où vient ce break ? Est ce un véhicule qui appartenait à l'usine ? Est ce un prototype qui servait à étudier une application nouvelle, ce que l'on appelle un "mulet", par exemple celui qui a servit à l'implantation du nouveau tableau de bord du millésime 70 ? Pour l'instant, personne ne le sait ! En tout cas, cette DS break a rejoint Clermont-Ferrand en 1970 pour y être transformé en véhicule laboratoire sous le seul nom "d'ID 27". Il est terminé en 1971.
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Ce tableau de bord correspond bien au millésime 70, avec sa platine de commande de température de chauffage "blanc/rouge/bleu/blanc". Elle a 46771 km au compteur, en a t'elle 100 000, 200 000 de plus ? le caoutchouc de la pédale d'embrayage n'est plus que l'ombre de lui-même ! Les ingénieurs de Michelin, qui notaient tout, parlaient d'heures de fonctionnement. Le moteur a été changé fin 1978, le rodage de celui-ci commençant le 15 décembre. Le volant est plus petit que celui d'origine à cause du siège avant qui est très avancé par rapport à sa position habituelle. Il n'y aurait pas eu assez de place derrière pour installer la "cinquième roue".
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La finition de cette DS break semble être une "luxe", rien n'est moins sûr ! Les panneaux de portes sont des "luxe" en simili rouge, il n'y a pas de moquette au sol. Mais les sièges sont des "confort" cette option "tissu" était disponible sur les "luxe", mais n'avaient pas de réglage d'inclinaison du dossier ! La siège avant de cette voiture est en fait un siège droit, le siège avant-gauche a immigré à l'arrière ! On ne sait pas à quel niveau de finition elle est arrivé à Clermont-Ferrand, elle pouvait être partiellement terminée.
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Lorsque l'on ouvre le capot, on a affaire "à du lourd ! ! !", attention les modifs ! On laisse tomber le jerrican d'essence placé provisoirement pour cause de réservoir en mauvais état, c'est un cancer qui se propage sur le parc intégral des DS ! Le détail qui tue: si changer le réservoir est très simple pour nous, ça se complique pour cette voiture, il est totalement inaccessible, il faudrait démonter une grosse partie de l'appareillage électrique et hydraulique de cette voiture ! Cette voiture a eu de longues heures de roulage à faible vitesse, voire même sans avancer, d'où la modification du circuit de refroidissement, c'est le "grand circuit" des DS injection qui a été installé.
A propos d'électricité, l'alternateur a été changé par un modèle "énorme", en 24V.
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La batterie 12V a changé de côté, comme sur les modèles 67 à 69. Elle sert pour l'électricité propre à la DS. A l'arrière, se trouvent 2 batteries servant à toute l'électricité liée au laboratoire et . . . à l'hydraulique !
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Regardez attentivement cet endroit, où se trouve la pompe HP ? Il n'y en a pas ! ! ! Et pourtant . . .
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. . . ce n'est pas l'hydraulique qui manque ! Il y a même 2 réservoirs de LHM ! Mais ils sont reliés entre eux par le gros tuyau habituellement relié à la pompe HP ! Quid de la pompe HP ?
En fait la pompe HP se trouve quelque part par là, elle est électrique, 31 ans avant la première C5 ! Notez au passage une sphère supplémentaire, la réserve de pression est plus importante, outre l'hydraulique liée à la voiture, elle doit aussi alimenter les mécanismes agissant sur la roue centrale.
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Voici la partie la plus importante de la voiture. Il y avait un capot de protection autour de la roue. Cette cinquième roue sert à tester le pneu (pardon, l'enveloppe) dans toutes les configurations possibles. La charge sur cette roue est réglée par une pression plus ou moins importante sur le vérin hydraulique correspondant, cette roue était aussi freinée pour tester la résistance des diverses gommes. Lors de la réalisation des différentes pistes d'essai de Ladoux, Michelin a cherché à "étalonner" les divers types de revêtements pour les transposer sur ses pistes d'essai, il a donc fallu mettre une roue témoin dans la voiture et mesurer "en réel" les diverses situations sur routes réelles. A ce titre en 1974, Michelin a homologué son ID 27 aux mines à "titre isolé" pour pouvoir rouler sur la voie publique. Sa carte grise date de cette période.
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Cette DS break pèse 2060kg à vide, d'où une certaine inertie des freins au freinage ! De nombreux types d'enveloppes ont été créés et testés grâce à ce véhicule notamment les célèbres TRX. Cette DS est devenue obsolète et finit ses jours paisiblement au musée Michelin de Clermont-Ferrand.