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"La DS frileuse"
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Épisode 1
 Cette histoire est tirée de faits vécus. Les noms ont été changés ainsi que les endroits pour éviter de porter atteinte aux personnes concernées.
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La DS a été une œuvre d’art lorsqu’elle fut présentée le 6 octobre 1955 au public parisien lors du salon de l’auto de cette même année. De par ses innovations techniques et ses lignes futuristes, elle attira tous les regards… ça c’est l’histoire que tout citroëniste connait par cœur pour l’avoir lue à chaque rétrospective. On pourrait y ajouter que dans les années 80 et début 90 elle fut la malaimée des voitures.
Dans les casses ou les fonds de cours sa tôle nourrissait le rêve de disparaitre à jamais, honteuse de ne plus plaire, dans la terre que ses ouvriers ont défrichée pour bâtir une usine d’espoir en la voiture française.
Aujourd’hui, en 2014, la DS est redevenue la princesse de son royaume et de par le monde entier, elle attire les regards lorsqu’elle veut bien présenter sa robe rutilante ou même froissée et sale, à un public en mal de l’aimer… derechef.
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Au Canada, un gars qui en avait eu quelques-unes, se rappela ses bons moments avec ses DS et eut un jour, après une léthargie de quelques années, le goût de continuer son aventure citroënisante.
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Pour Marc, partir à l’aventure n’a rien de vraiment exceptionnel. Ancien journaliste, il parcourut le Québec, en Citroën DS rien de moins, à la recherche d’histoires à raconter.
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Marginal, ce gaillard de près de 2 mètres, gagnait son pain à la sueur de ses kilomètres. Puis, comme tout bon bucheron du Nord, après une longue carrière, il prit sa retraite et anticipa un projet : se trouver une DS-21 BVH.
            Ses recherches le firent surfer à travers le monde. Bien sûr, le Canada et les États-Unis, par leurs relatives courtes distances, s’avérèrent alléchantes. Le problème fut assez facile à régler : trop bonnes = trop chères, et moins bonnes = trop « épavées »! Il tenait à la travailler sans toutefois passer par la restauration complète.

Les joies de l’internet le gratifièrent d’une belle bête quelque part dans le Sud de la France. Marc, pas peureux, s’organisa un voyage chez ses cousins pour lui tâter le flanc et embarquer à son bord pour voguer quelque milliers de kilomètres sur le bitume gaulois en accord avec le propriétaire dans une option location-achat. Bien lui en fut, car il put se faire une liste de défaillances à réviser pour qu’à l’obtention de sa citoyenneté canadienne elle soit parfaite côté métabolisme. Son enveloppe n’était pas en reste, elle aurait besoin d’une mue, pour convenir à ses consœurs qui se pavanent dans les expositions, sans avoir l’aspect du neuf.
Satisfait de sa bien aimée, prêt à y investir une somme correcte vu le marché de 2010, il décida de faire confiance au garagiste au sourire confiant, et accepta le pacte : pour 10 000 euros il la retapait selon le carnet de charges émit par Marc, et pour 2 600 euros, il la mettait sur le bateau pour un ro-ro bien emmitouflé  jusqu’à Halifax au Canada où Marc la prendrait en adoption devant la loi canadienne assez permissive mais très « bureaucratisée »!
Donc, le lendemain de son traité avec le grand chef Citroën du Sud, celui-ci fit les réparations en un temps record. Deux semaines plus tard, le bateau arrachait un morceau de plus de la France et arriva à Halifax 10 jours plus tard. Pendant ces 23 jours, Marc visita le sourire aux lèvres le pays de ses ancêtres, mais n’avait de pensées que pour sa charmante qui flottait sur le bateau comme dans les publicités avec ses 4 ballons au lieu des roues, c’était le juste retour des choses. Le 24e jour, il prit l’avion jusqu’à Halifax, signa une dizaine de papiers et roula jusque chez lui à côté de la montagne.
Quelle belle histoire, c’est une romance d’aujourd’hui comme l’aurait dit Michel…. mais c’était sans se soucier de la fatalité, car, aussi belle qu’aurait été l’histoire, la DS ne se laissa pas si facilement arracher à sa mère patrie.
Le 13 janvier 2012, Marc désespéré écrivit sur un forum de passionnés du double chevron :