Sauvez Willy (D’une grange à une autre)

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Nous nous sommes quittés il y a quelques semaines alors que je venais juste de trouver le professionnel prêt à, si toutefois c’est encore possible, rendre vie à mon break. Les semaines passent mais je suis peu convaincu. Il faut avouer que mon entourage reste totalement hermétique aux beautés cachées de mon cachalot. Enfin, je ne peux désormais me défiler, j’ai payé les véhicules, je me suis engagé à les sortir de leur grange avant l’été, il faut maintenant établir un plan d’action.
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Trouver des épaves, je sais faire, mais trouver des solutions techniques pour les monter sur un plateau, c’est déjà moins facile pour moi. L’ami Bernard, qui récupère donc la DSpécial, prend les choses en mains. Il décide de faire l’opération en deux temps : un premier jour nous sortirons les voitures de la grange et un deuxième jour nous nous chargerons de les rapatrier en lieu sûr, mais nullement secret. Pourquoi autant de temps ? Tout simplement parce que la DSpécial, accidentée, n’a pas de train avant et, quant au break, vu son état, nous avons bien peur que les freins soient bloqués.
Nous prenons donc rendez-vous pour le jeudi 23 mai 2013, ainsi que pour le samedi 25.
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Il est 7h45 quand Bernard me rejoint à la maison. Bernard a chargé son fourgon : sangles, barre de remorquage, caisse à outils, roues de remplacement pour la berline, crics… Nous rejoignons Christophe et Jean-Claude, deux amis toujours prêts à donner la main. Christophe maîtrise parfaitement l’hydraulique, il a prévu des sphères de rechange ainsi que des cales pour maintenir le break en position haute. Jean-Claude est habitué aux sorties de grange, il en a déjà, avec son ami GPTO, un certain nombre à son actif. Pour ma part, j’ai amené un jeu de chambres à air d’occasion et la manivelle pour sortir les roues à écrou central.A 8h30 nous sommes sur place. Les vendeurs nous prêtent un compresseur, nous gonflons le break qui sera le premier véhicule que nous opérerons. La pression monte, et pas seulement celle des pneus. En quelques minutes la voiture est surélevée et les vieux 400 X sont gonflés.
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Nous accrochons mon break suédois de tous les jours, je me lance et … rien. Les roues arrières sont libres, nous avons pu le vérifier. Concernant les roues avant, c’est l’inconnu. Deuxième tentative, rien. Nous accrochons un vieux break Mercedes à propulsion et boîte de vitesse manuelle. Christophe met les gaz, l’ID bougera de vingt centimètres, pas plus. C’est toutefois suffisant pour passer sérieusement devant la voiture, la mettre sur cale à l’avant et essayer de comprendre ce qui ne va pas. Les freins ? La boîte bloquée en prise ? Nous attaquons les freins au dégrippant. Quelques minutes plus tard nous accrochons le fourgon de Bernard. Aux grands maux les grands remèdes. Il ne faudra que quelques tentatives pour sortir le break dans le jardin. Le dégrippant a fait son travail, le fourgon est puissant, tout le monde se met à pousser, l’ID n’a plus d’autre choix que se laisser faire.
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A peine avons-nous tiré la voiture sur quelques mètres que l’attelage-remorque s’enfonce dans la terre. Nous voilà bien plantés, il faut absolument rehausser l’arrière.
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Il est trop difficile d’installer des cales dans les sphères, nous choisissons les cales sous les roues. Il est 10h45, le break est dans le jardin, sur cales, prête à être tirée par le treuil de notre porte-véhicule.
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Il est temps de nous attaquer à la berline. Les vendeurs nous ont prêté un timon. Il a quelques heures de vol mais cela devrait suffire. Je ne sais pas si c’est le plaisir d’avoir sorti le break ou l’impatience de partir déjeuner mais nous attaquons la berline sans préparation préalable. Nous soulevons la voiture avec le timon, poussons à quatre et en moins de dix minutes la voiture est, elle aussi, en attente du porte-véhicule. Quatre parpaings et deux cales en bois feront l’affaire pour la maintenir en hauteur. Maintenant que la berline est sortie, nous gonflons légèrement ses pneus, ainsi que ceux du timon. Il ne nous reste plus, satisfaits, qu’à passer à table.
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La même équipe est présente le samedi matin pour l’enlèvement. Nous nous présentons relativement tôt sur le point d’enlèvement pendant que Bernard va louer le porte-véhicules. Nous commençons par vérifier la pression des pneus et dégageons le passage pour que le fourgon et son porte-voitures, soit un ensemble de près de douze mètres, puisse bien reculer au plus près des Citroën. Nous rejoignent aussi deux personnes habituées à travailler pour les vendeurs. Nous ne nous y attendions pas et ceux-ci s’avèreront être très efficace.
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Bernard arrive et nous constatons que le plateau loué comporte seulement deux passages de roues alors que certains sont plats sur toute la largeur. Il faudra donc fabriquer des cales pour que les roues du timon puissent rouler jusqu’en haut car nous voulons charger la DSpécial en marche avant. Nous récupérons des planches, utilisons une scie pour tailler des morceaux qui nous permettront de nous mettre à niveau et commençons rapidement le chargement.
Nous sommes nombreux, motivés, à 11h la DSpécial est chargée, le café est bu et nous pouvons aller la livrer chez Bernard, à tout de même une heure de route.
Nous ne sommes que quatre pour vider la voiture. Sur la route, nous nous sommes arrêtés deux fois pour remettre en place les sangles qui ont lâchées. Arrivés chez Bernard, nous ne pouvons que constater que le timon a bougé et que les sangles sont coincées. Il nous faudra une bonne demi-heure pour réussir à libérer la voiture. Nous commençons le chantier et très rapidement l’arrière de la DSpécial touche le sol. Impossible de la caler, nous décidons d’atteler de nouveau le fourgon pour avancer petit à petit, ce qui n’est pas tout à fait réglementaire. Le temps passe, il est désormais 14h15 et nous devons rendre le plateau avant 17 heures.

Avant de passer à table, Bernard ne résiste pas au plaisir de présenter ses travaux en cours et ceux passés : traction, 4 cv pour les précédentes restaurations totales, XJ12 pour les restauration partielle, et une XJ6 en réfection totale depuis et pour plusieurs années. A ce propos, ceux qui seraient intéressés par travail de Bernard peuvent consulter son site : http://mes-anciennes.pagesperso-orange.fr/
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Commence alors une course contre la montre. Il est 14h45 lorsque nous avons fini de déjeuner, nous avons une heure de route avant de rejoindre l’ID break et nous devons rendre le plateau avant 17 heures. Nous arrivons sur place rapidement, l’équipe du matin nous attendait. Nous ne prenons même pas le temps de couper le moteur et Bernard reste au volant.
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Tout le monde s’y attèle. Deux personnes se relaient à la manivelle, deux autres jouent des cales sous les roues arrières, Pascal, le découvreur de ces merveilles, qui nous a rejoint s’installe au volant et les deux derniers poussent. Il ne faudra pas beaucoup plus de cinq minutes pour monter l’ID sur le plateau. Une cale est bloquée sous la roue arrière ? Qu’à cela ne tienne, on la laisse en place, ce n’est pas une cale qui va nous empêcher de rouler.
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Pascal en profite du temps de sanglage pour prendre des photos, à l’aveugle, des dessous de ma belle. A peine fini, nous remontons en voiture et fonçons vers notre centre d’accueil pour vieilles Citroën en mal d’amour. Sur la route, peu de gens nous doublent. Bernard roule à tombereau ouvert, va-t-il rester de la poussière sur l’ID lorsque nous serons arrivés ?
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17 heures, nous sommes en place au garage. Bernard a appelé la société de location, ils nous laissent jusqu’à 17h30, ils sont vraiment cools. Même opération qu’au chargement, tout le monde prend son poste et sait ce qu’il doit faire. Nous ont rejoints Éric, mon spécialiste en hydraulique, et le mécanicien en charge du garage nous donne, lui-aussi, un coup de mains. A 18 heures, Bernard est de retour, il est allé rendre le plateau et revient faire le tout de la voiture avec nous.
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Que dire sur cette voiture ? J’ai cru acheter un tas de rouille et je me retrouve avec une voiture beaucoup plus saine qu’il n’y paraît. J’ai cru qu’il suffirait d’une vidange pour relancer la mécanique or le moteur est bloqué. J’ai cru que le mécanicien ne pourrait y toucher avant la fin d’année or il compte s’y pencher dès les premiers jours de juin.
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Mon objectif est de rouler avec un véhicule sain de mécanique, de châssis et d’hydraulique mais de laisser la carrosserie tel qu’elle l’est actuellement. Seul le capot devra être travaillé car il ne ferme absolument plus. Le chemin sera long mais certainement passionnant. Voilà une page qui se ferme mais tout ceci nous laissera l’occasion d’en ouvrir bien d’autres ici même.
A bientôt pour la suite des aventures de Willy.
                                                                                                                                                                                            Pascal