Les dernières nouvelles d'Henry remontaient à février 2023, depuis, il n'a pas chômé, son projet c'est concrétisé ! Allons voir ça . . .
Citrowagon: "Bonjour Henry. Alors tu roules maintenant dans ton break « derelict » tu peux m'en dire plus ?
Henry: oui bien-sûr !  Je m’aperçois que je t’ai laissé en plan au niveau des updates ! Je t’en envoie donc trois, que tu pourras synthétiser en une seule histoire, ou en garder sous le coude pour les étaler dans le temps !
CW: mais non mais non ! En revanche ton langage ressemble à celui de tous mes potes français expatriés depuis un certain temps aux States, tu parles le franglais, j'adore ! Vas y racontes nous tes histoires.


Update 1 :

Henry: J’en étais donc à avoir sorti la mécanique du break pour lui offrir une boite 5, fruit des chaises musicales de pièces grâce aux deux DS qu’on m’avait données : j’ai monté la boite 5 de l’ancienne DS de l’ambassade de France sur ma DS noire, car elle a la cloche d'embrayage spéciale pour fixer le compresseur d’air conditionné, et ça fait partie des projets pour cette DS noire Pallas. Mais c’est une autre histoire ! Résultat des courses, j’ai récupéré l’excellente boite 5 qui était sur la noire, pour l’offrir au break.

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Ce que j’ai sans doute oublié de te dire lors des updates précédents, c’est que ce break souffrait de « vibrations de la mort » passé 80 km/h. Ça ne venait pas de l’équilibrage des roues, car les vibrations augmentaient avec la vitesse au point de menacer la voiture d’autodestruction. Ne comprenant pas d’où ça venait, j’avais bon espoir de tirer ça au clair une fois la mécanique sortie. Je me disais que ça venait peut-être des cardans, mais après inspection, ils avaient l’air tout à fait ok. Je continue donc à inspecter, tout en nettoyant bien la baie moteur désormais accessible, et là …. GroSSeu Katachtroumpf ! Les plots de fixation des trains avant sont dessoudés ! Tous ! Des deux côtés de la voiture ! Je sors les trains avant, que je pouvais secouer à la main, pour vérifier derrière, et là, re-GroSSeu Katachtroumpf ! Tous les plots extérieurs sont aussi dessoudés, des deux côtés ! En résumé, les trains avant étaient libres de danser la samba à leur guise ! Pas étonnant que la voiture menaçait de s’autodétruire ! Je me demande même comment j’ai fait pour rester sur la route ! 

J’appelle le gars qui d’habitude me faisait les soudures. Quand je ne pouvais pas lui amener les pièces (genre DS démontée dans le garage), Il venait avec son pick-up et tout son matériel, groupe électrogène y compris, et me soudait ce dont j’avais besoin. Mais là, en sortie de Covid, il n’avait pas l’air pressé de venir, et me faisait lambiner. 
Il s’est passé un truc bizarre aux US après le Covid : plus personne ne bossait, surtout les artisans. J’ai fini par trouver un gars qui offrait le même service, mais demandait $800 rien que pour le déplacement ! Avant même d’avoir commencé à souder quoi que ce soit ! Hors de question, Gaston ! 
J’ai trouvé tout l’équipement nécessaire pour souder au MIG sur Craigslist pour moins que les $800 que le gars me demandait pour poser son postérieur dans son pick-up, et… j’ai appris à souder ! Ça m’a toujours handicapé dans mes projets de ne pas pouvoir souder, c’était donc l’occasion ! J’ai donc ressoudé tous mes plots de fixation de trains avant moi-même. Il existe des soudures plus jolies sur la planète, pour sûr ! Mais elles sont solides, et m’ont permis de sauver la voiture ! Et je sais maintenant souder, ce qui va m’être bien utile ! . . .

CW: Bravo Henry pour tes cours de soudure. Il est vrai que lorsque l'on a des notions de base en soudure, lors d'une restauration on gagne un temps fou et de l'argent. Je suis comme toi, je sais faire des soudures moches, mais qui tiennent. Pour les soudures délicates, je demande aux copains (surtout Didier, en fait, . . que Didier !)
Je rebondis sur tes propos pour alerter tout le monde à propos des fixations du train avant des DS. ATTENTION: 100% des DS ,qui ont au moins 100 000 km, présentent des fissures sur les soudures des tubes de fixation du grand unit. Personnellement, mise à part quelques "DS 23 IE bien menées" je n'y croyais pas. Lorsque j'ai fait l'expertise des fixations de mon ID 21 FH 72, pourtant peu kilométré, j'ai trouvé des soudures fissurées sur 2 tubes, et ça se voyait à l'œil nu ! J'en ai parlé là. Si vous démontez votre train avant vérifiez les fixations, sinon cela peut se voir sur un pont. La DS moteur en marche, en position haute, vous demandez à votre ami de tourner le volant à gauche et à droite. Vous en dessous, avec une grosse lumière, regardez attentivement les tubes soudés, ils ne doivent pas bouger d'un iota. Si vous ne faites rien, vous risquez d'atteindre le cas extrême d'Henry.

Excuses moi Henry je papote je papote . . .



Henry: Mais non Georges, il est important de dire ces choses ! Le reste du remontage s’est passé sans trop d’encombres, en remettant à niveau mécaniquement tout ce qui méritait de l’être. J’en ai profité pour remonter un volant/mécanisme à diaphragme, que je trouve plus doux que le mécanisme à ressorts (j’en ai eu plusieurs de ces derniers qui broutaient, malgré un volant resurfacé et un mécanisme neuf). Le break a fini par reprendre la route, les vibrations de la mort faisant place à un excellent agrément de conduite ! Ce moteur, un DX2, est particulièrement bien équilibré et ne vibre pas. Et le break nous a, à nouveau, bien rendu service, avec quelques nouvelles séquences Willy pour aider des amis à déménager !

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Update 2
Tu te souviens peut-être que j’avais gardé les panneaux de carrosserie d’une des deux DS irrécupérables qu’on m’avait données pour un projet de berline “derelict”. Projet que j’ai réalisé, sur la base d’une DS 21 boite hydrau de 1968, que j’avais déjà back-datée en ’67, n’étant pas un fan du look US post-67. 
Ça a donné une vidéo  . . .
CW: Oh que oui je m'en souviens, elle est géniale cette vidéo ! Et en plus je crois savoir que tu as un projet de turbo sur une autre DS !
Henry: Oui, mais c’est une autre histoire !

Résultat des courses, je me suis retrouvé avec les panneaux deuxième nez du premier backdating de la berline disponibles. N’étant pas plus fan du look US post-67 sur le break que sur la berline, j’en ai donc profité pour offrir au break un lifting, non pas de rajeunissement, mais de vieillissement. Mais comme tous les panneaux étaient de couleurs différentes, il me fallait trouver une solution pour les harmoniser, sans pour autant investir dans de lourds travaux de carrosserie/peinture dont le break aurait bien besoin, mais dans lesquels je ne suis pas prêt à me lancer pour l’instant. Le compromis a été de reprendre un vieux truc des hot-rodders locaux, Et d’utiliser un apprêt anti-corrosion couleur rouille, qui, en plus de donner un aspect mat et patiné, a l’avantage de se confondre avec la corrosion là où il y en a ! Le résultat est, je trouve, assez sympa, et rencontre énormément de succès, à en juger par le nombre de pouces levés et de coups de klaxons à chaque fois que je me sers de la voiture ! C’est d’ailleurs assez incroyable ! Mon épouse, toute contente de tous ces pouces levés, a été déçue quand elle a réalisé que c’était pout la voiture, et non pour elle !Pour faire bonne mesure, j’ai aussi offert au break des pneus neufs, les autres étant complètement cuits. Ils sont arrivés avec un liserai blanc, que je n’avais pas spécifié. Tant pis, ou tant mieux, ça rajoute à son look décalé. Mais, problème, on ne trouve plus personne ici pour équilibrer des roues de DS, les garages n’ayant plus de flasques à 5 tocs à monter sur leurs machines. La solution la plus courante est d’emmener les jantes chez un tourneur pour qu’il fasse un trou bien centré en leur milieu, pour qu’elles puissent ensuite être montées sur le cône des équilibreuses. Mais encore faut-il trouver un tourneur équipé d’un tour capable de prendre la jante, trop grande pour la plupart des tours… J’en étais rendu à démonter une fusée/flasque de train arrière qui elle peut être fixée sur le tour, pour ensuite y monter la jante. Mais j’ai entretemps trouvé une autre solution, usuellement utilisée sur les poids lourds : des petites billes en céramique que l’on met directement dans les pneus tubeless, et qui équilibrent automatiquement les roues. Ça marche très bien, et c’est bien plus simple !
CW: je ne connaissais pas ce truc des petites billes en céramique, il faut que tu me donnes la doc, mon acadiane est inréglable, sans doute à cause de ces pneus de merde que j'ai acheté pas cher (ce ne sont pas des michelin)

Henry: Je lui ai aussi offert un allumage électronique 123, ce qui n’a pas été tout seul non plus. En effet, les longues années d’immobilisation et l’oxydation avaient bloqué l’allumeur dans son pied : impossible de le faire tourner, et encore moins de le sortir ! J’y suis revenu régulièrement au fil des kilomètres en appliquant du dégrippant et en chauffant. J’ai fini par réussir à le faire tourner un peu, à l’aide d’une grosse clef a griffes, mais avec le risque de casser le pied, ce qui m’aurait obligé à ressortir toute la mécanique. Puis, finalement, un jour, l’allumeur a tourné un petit peu plus, et en insistant, j’ai réussi à le sortir après lui avoir fait faire plusieurs tours sur lui-même. Ouf ! L’allumeur 123 est maintenant en place !
Je lui ai aussi offert un gros radiateur avec vase d’expansion, le petit radiateur étant un petit peu juste pour les grosses chaleurs qu’on peut avoir ici en été. Encore une fois, c’est l’ancienne DS de l’ambassade de France qui est venue à la rescousse, fournissant tout le set-up, ventilateur électrique y compris ! Le résultat est très probant, avec une température qui reste maintenant dans le blanc quelles que soient les conditions !
Pour finir, je lui ai aussi offert un jeu de sphères vissées, refaites, que je trouve plus confortables que les sphères serties. Le break est maintenant la DS la plus agréable, et la plus confortable de ma petite flotte. Et bien sûr la plus pratique aussi ! On l’a remise à contribution en mode Willy quand mon épouse a dû vider la maison de ses parents dans l’Ohio. Elle a fait les sept heures de route dans chaque sens, y compris la traversée des Appalaches, chargée jusqu’au toit et un matelas queen-size sur la galerie au retour, comme si de rien n’était. La boite 5 est vraiment fantastique, et permet de rester dans le flot des voitures sur les « Interstates » américaines, sans pour autant que le moteur ne soit à la peine. Ça en fait une ancienne tout à fait actuelle !

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Update 3

C’est le temps des vacances ! On a décidé d’aller se promener une dizaine de jours, et de retourner voir où mon épouse a grandi, en territoire Cherokee. Quelle voiture prendre ? Le break bien sûr ! C’est le plus confortable, sa boite 5 fait des miracles sur longues distances, il marche bien, ne vibre pas, avale les kilomètres sans broncher ni nous fatiguer… et c’est aussi le plus pratique ! On peut enfourner tout le barda vacances, y compris les souvenirs trouvés en cours de route et qui peuvent s’avérer volumineux, sans problèmes ! En voiture Simone !

Nous avons commencé par descendre toute la « Blue Ridge Parkway », qui est l’une des routes les plus scéniques des US : elle court tout le long de la crête des Appalaches sur 800 km, de la Virginie à la Caroline du Nord :

https://www.blueridgeparkway.org/



Nous avons ensuite coupé à travers les Caroline du Nord et du Sud, pour nous rendre à Charleston, haut-lieu de l’Histoire des Etats-Unis, en passant par les nombreux lacs de Caroline du Sud. Nous sommes restés le plus possible sur les « back roads », en évitant les Interstates, ce qui nous a fait découvrir l’Amérique profonde et rurale que l’on ne voit pas autrement. Très belle, avec quelques surprises, comme cette casse d’« old american iron », dont je te joins quelques photos.

Nous sommes ensuite remontés sur DC via Charlotte, en s’arrêtant voir des amis, et toujours par les back roads. En tout, un périple de près de 3.000 km, qui nous a donné envie de réitérer l’expérience plus souvent ! Et le break a été officiellement intronisé voiture pour les vacances ! Il attire incroyablement les gens, et permet de nouer des contacts instantanément avec les locaux, ce qui ne serait pas possible avec une voiture lambda ! Il est fiable, confortable, et sa combinaison du moteur DX2, boite 5 et gros radiateur est un excellent compromis de puissance, fiabilité, simplicité et tranquillité d’esprit. Le break offre une grande polyvalence tout en ne compromettant pas le confort. Et le fait que ça ne soit pas un véhicule en état concours (loin de là d’ailleurs !) dégage vraiment l’esprit ! On n’a pas peur de le laisser garé n’importe où, d’oser les chemins cahoteux, les stigmates qu’il pourrait en garder ajoutant à sa personnalité !
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Côté pépins, il nous a quand même un peu pimenté le périple : la connexion robinet/radiateur de chauffage s’est mise à suinter, avec une infiltration de liquide de refroidissement qui goutait pile sur mes pieds. Problème temporairement résolu en court-circuitant le robinet (et depuis remplacé, car il s’est cassé en le démontant. Il devait déjà être fendu, d’où la fuite). Mais la plus grosse frayeur, c’est quand le break nous a carrément « pété une durite » : on roulait à 80 mph sur une Interstate, quand il a commencé par s’affaisser de l’avant… peu après, j’ai perdu l’assistance de direction, et le voyant de pression hydraulique (je crois unique au marché américain sur les modèles 69) s’est allumé. Je me suis arrêté avant de perdre les freins. J’ai rajouté près de 2 litres de LHM, et noté une petite fuite sous la voiture. On a repris la route, le temps d’arriver à un magasin NAPA, qui se trouvait un peu plus loin… et le break s’affaissait déjà à nouveau de l’avant ! On a eu de la chance dans notre malheur, car NAPA vend du LHM ! Je refais le niveau, pour constater que la fuite est maintenant très importante ! C’était finalement le tuyau de retour du conjoncteur/disjoncteur qui s’était fendu au niveau de la connexion côté moteur. Réparation sur place en le raccourcissant, et en raccordant un autre bout de tuyau pour faire la jonction. En moins d’une heure, nous étions de nouveau sur la route !
Sinon, il faudra aussi prévoir un travail sur les freins arrière : Les tambours sont ovalisés, ce qui induit une oscillation haut/bas de l’arrière quand on s’arrête au feu, provoquant l’hilarité des gamins dans les voitures à côté ! A prévoir aussi le remplacement de la pompe HP. Elle suintait déjà avant le départ, suintement qui a évolué en petite fuite. Tout ça est sur la « to do list » ! Je ne lui en tiens pas rigueur, étant donné le point de départ de cette aventure : on m’a donné ce break, incomplet, pour pièces, et il n’avait sans doute plus tourné depuis une vingtaine d’années, abandonné aux éléments ! Je l’ai remis sur la route au moindre coût, avec pour challenge d’utiliser au maximum les pièces dont je disposais déjà, même si plus de première fraicheur, plutôt que de commander des pièces neuves ! Et il m’en est reconnaissant, vu le bon temps et les services qu’il nous offre maintenant en retour !
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CW: Merci Henry pour ce passionnant témoignage. Je te souhaite de passer encore de nombreuses heures en balade avec ton ID 21 "Station Wagon" de 1969.